Dire que je me réjouissais d’assister au spectacle « Pinocchio » à Villers-La-Ville, c’est peu dire! Ce n’était pas pour la beauté du site ni celui du concept. J’avais déjà eu l’occasion de le « tester », il y a bien longtemps déjà, en 1996, avec le magistral “Barabas” de Michel de Ghelderode. Ce site semble retrouver toute la majesté de ses origines lors des nuits d’été. Le décor naturel renforce la féerie des sujets théâtraux quand ceux-ci se marient aux pierres. Ce fut le cas pour le « Barabas » avec, notamment, un chemin de croix parmi les ruines de l’Abbaye. Mais je ne suis pas sûr que le « Pinocchio » a été sublimé par l’environnement de Villers, d’autant que, comme chaque fois, le charme est parfois rompu par le bruyant passage du train ou le sifflement d’un avion… Il faut accepter les conditions du plein air; les gradins, pourtant mieux disposés que pour le « Barabas », ne sont pas ceux d’un théâtre antique à l’acoustique calculée.
C’était peut-être l’impatience de voir à quelle sauce l’oeuvre de Collodi (1) avait été mijotée. Les présentations dans la presse avaient clairement annoncé la couleur: il ne s’agissait pas d’une adaptation « à la Disney ». Il est bien plus difficile, au théâtre, de plonger le spectateur dans un univers fantasmagorique. Le « Pinocchio » de DEL Diffusion Villers est bien plus proche de la version cinéma de Benigni (2), sortie en 2002 et fortement critiquée, sauf qu’il atteint son but avec une économie de moyens: la sobriété du décor et des accessoires donne d’autant plus de force au jeu des acteurs et à leurs costumes.
C’était, en fait, surtout pour revoir notre petit Maroine Amimi ! Ma fille Wivine et Laure d’Este nous accompagnaient. 13 ans plus tôt, ados, elles interprétaient avec Maroine « Sophie or Not Sophie », libre adaptation des « Malheurs de Sophie » (Comtesse de Ségur) réalisée par la Troupe de l’Ilot et mise en scène par Stefan Bastin. Des graines d’acteurs tous ces jeunes… Nous avions vu en Maroine un acteur né (3). Nous ne nous étions pas trompés. Et maintenant, il vit sa passion et de sa passion. Comme l’a fort justement écrit Henri Simons (4), Maroine « …ne joue pas Pinocchio. Il est Pinocchio dans le moindre mot, le moindre geste ».
Je n’efface pas d’un revers de la main le jeu des autres acteurs. Loin de là: j’ai particulièrement admiré la subtilité du jeu de Denis Carpentier (le Grillon) et, plus globalement, le défi, pour cette petite équipe d’acteurs, de passer aussi rapidement d’un personnage à l’autre.
Il faut souligner l’originalité de la partie sonore avec un choix de musiques décalées par rapport à l’environnement original de Pinocchio, mais atteignant chaque fois l’effet voulu: sortir Pinocchio de son livre… Je regrette la balance mal équilibrée entre la voix des acteurs et les musiques qui couvraient certaines répliques. Je pense que les organisateurs auraient gagné à placer la sono derrière les spectateurs.
Comme l’article paru dans La Libre Belgique (5), je regrette également que les jeux de lumière n’aient pas été plus recherchés, notamment pour mettre en évidence les visages des acteurs, souvent remplis d’une expression qui ne demandait qu’à être révélée.
Encore bravo à toute l’équipe, encore bravo à toi, Maroine et nos meilleurs voeux pour la suite de ta carrière!
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(1) Voir le texte original traduit sur: http://claude.sartirano.pagesperso-orange.fr
(2) Voir la bande annonce sur: http://www.dailymotion.com/video/xpwkvy_pinocchio-bande-annonce-vf_shortfilms
(3) Voir l’interprétation d’une chanson de Brel par M. Amimi, en 2001: https://www.youtube.com/watch?v=lJc2_t44_AM
(4) Voir l’article d’Henri Simons sur: http://lesfeuxdelaramperogersimons.skynetblogs.be/archive/2014/07/17/pinocchio-troisieme-abbaye-de-villers-la-ville-8237475.html
(5) Voir l’article paru dans La Libre Belgique sur: http://www.pinocchio2014.be/Pinocchio/Pinocchio.html
Document mis à jour le 02.09.2014